Il est connu que la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) présente parfois des symptômes persistants, tels que céphalées, fatigue, douleurs musculaires, perte d’odorat (anosmie), altération du goût (dysgueusie), problèmes de sommeil, difficultés respiratoires, toux, et difficultés de concentration [1,5]. C’est ce qu’on appelle le syndrome post-COVID-19, également connu sous le nom COVID longue, lorsque les symptômes persistent plus de 3 mois [2]. Ce serait près de 15% des Canadiens qui seraient ainsi touchés selon Statistiques Canada avec différents symptômes [3]. À noter que la COVID longue se manifeste heureusement deux fois moins souvent depuis que le variant Omicron est la souche dominante [4].
C’est ainsi qu’environ 9% (2%-20% selon les études) des patients avec COVID longue présentent des céphalées, accompagnées ou non d’autres symptômes [5]. Les mécanismes provoquant les céphalées post-COVID restent à déterminer [6]. Il semble toutefois y avoir une composante inflammatoire liée à l’activation de cytokines, substances secrétées par les cellules du système nerveux immunitaire pour communbiquer entre elles [7-9]. De plus, il appert que les coronavirus soient capable de pénétrer le système nerveux central et affecter notamment les nerfs olfactifs et trigéminaux [10-17]. Des protéines liées au SARS-CoV-2, le virus responsable de la COVID-19, ont ainsi récemment été identifiées dans le nerf trijumeau [18]. Il est possible que ces protéines induisent une activation du système trigémino-vasculaire, mécanisme étant responsable de certaines céphalées primaires, comme c’est le cas dans la pathophysiologie de la migraine, notamment. Toutefois, même si certains mécanismes peuvent être similaires à certains connus dans d’autres céphalées, il appert que ceux-ci ne sont pas identiques. Quoique certains migraineux rapportent une augmentation de la fréquence de leurs crises migraineuses, les patients souffrant au préalable de céphalées primaires décrivent généralement la céphalée post-COVID comme étant différente à celles déjà connues [6]. Bref, les mécanismes exacts menant aux cépahlées post-COVID sont encore à élucider et il est probable en fait que plusieurs mécanismes interagissent et varient d’une personne à l’autre [6].
Pour ce qui est du phénotype des céphalées post-COVID, il est variable d’un individu à l’autre. Elle est souvent décrite comme pulsatile, modérée à sévère, avec photophobie et phonophobie, donc similaire à une migraine. Toutefois, comme mentionné ci-haut, elle est décrite comme étant différente aux douleurs migraineuses chez les patients préalablement diagnostiqués comme étant migraineux. Par ailleurs, elle ne répond généralement pas à la médication anti-migraineuse et elle a tendance à être persistante. Elle peut ainsi souvent être diagnostiquée en fait comme une céphalée persistante quotidienne de novo, céphalée primaire rare pouvant être déclenchée par une infection virale [19].
Le traitement de la céphalée post-COVID devrait être orienté selon le phénotype de la douleur que le patient ressent [6]. par exemple, si la douleur est d’allure migraineuse, la pharmacologie de la migraine devrait être tentée. Pour ce qui est de la céphalée persistante quotidienne de novo, il n’y a pas de guides précis, mais les options incluent l’essai de corticostéroïdes, des blocs nerveux, le topiramate, la nortriptyline, le gabapentin, les vaccins anti-CGRP, et les injections de Botox [20]. Les corticostéroïdes semblent être un option de choix pour la céphalée persistante quotidienne de novo spécifiquement liée à la COVID-19, comme démontré par deux études favorables [21,22]. La persistance des symptômes au-delà de 3 mois post-infection est malheureusement prédicteur d’un mauvais pronostic [20]. À noter que contrairement à ce qui a été initialemement proposé, l’utilisation des anti-inflammatoires non stéréoïdiens n’a pas pu être associé à une évolution défavorable de la COVID-19 [25,26].
Par ailleurs, il est utile de savoir que la présence de comorbidités semble augmenter notablement la fréquence et la sévérité des céphalées post-COVID. Ces comorbidités incluent l’hypertension artérielle, le diabète, l’hypothyroïdie, diverses conditions cardiaques, et l’épilepsie [6]. Évidemment, le traitement de ces comorbidités peut donc être indiqué. Par ailleurs, les patients déshydratés rapportent également une fréquence et intensité de céphalées plus élevées [23].
Il importe également de réaliser qu’il peut arriver qu’une méningite ou encéphalite accompagne une infection due à la COVID-19 [6]. À noter que ce n’est pas nécessairement le SARS-CoV-2 lui-même qui cause la méningite ou encéphalite. En effet, il a été démomntré que dans certains cas le SARS-CoV-2 réactive le virus de l’herpes ou le virus varicelle-zona, qui étaient présent de façon latente dans le corps du patient [24]. Évidemment, ceci représente une urgence médicale et le traitement n’est pas le même dans ces circonstances. En plus d’une céphalées avec photophobie et phonophobie, les symptômes pouvant suggérer une telle atteinte sont la présence de fièvre et une rigidité nuchale [19]. Il a été rapporté également qu’une part non négligeable des patients avec céphalées post-COVID présentent une hypertension intracrânienne, sans présence de méningite ou encéphalite [27]. L’évaluation du fond d’oeil pour éliminer la présence d’un papilloedème pourrait donc s’avérer utile pour démasquer ces patients qui peuvent par ailleurs présenter un IRM normal [27].
Références
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- Statistique canada. Symptômes à long terme chez les adultes canadiens ayant obtenu un résultat positif à la COVID-19 ou ayant soupçonné une infection, janvier 2020 à août 2022. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/221017/dq221017b-fra.htm [Accédé le 25 nov 2022].
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