5. Migraine5.1 Description5.1.1 Classification5.1.2 Les phases d’une crise5.1.3 Facteurs déclenchants5.1.4 Épidémiologie5.1.5 Pathophysiologie5.1.6 Composante génétique5.1.8 Théorie du continuum5.1.10 Conclusion5.1.11 Références5.2 Évaluation5.3 Traitement
Quoique des différences ont été démontrées entre migraine sans aura et autres types de céphalées, notamment au niveau de la pathophysiologie et de la réponse à diverses approches pharmaceutiques, la différence clinique est parfois plutôt ténue. Plusieurs auteurs stipulent d’ailleurs qu’il peut ne pas être possible chez plusieurs individus de catégoriser le type de céphalée avec exactitude [13-16].
Ceci peut être dû au chevauchement des symptômes entre les différents types de céphalées, ou à la présence de céphalées mixtes ou concomitantes [5]. Le fait qu’aucun test de laboratoire n’existe pour objectiver la présence d’une migraine n’aide pas la situation.
Notons également que plusieurs chercheurs croient en fait que migraine sans aura et la TTH font partie en fait d’une manifestation différente d’un continuum constituant une seule et même pathologie, avec ou sans composante trigémino-vasculaire [203-205]. À une extrémité on retrouve la migraine avec son caractère pulsatile et son intensité modérée à sévère, alors que la TTH se retrouve à l’autre extrémité avec son caractère sourd et son intensité légère à modérée, avec toutes les combinaisons possibles entre les deux (Figure 22).
D’ailleurs, notons que selon les critères d’identification du ICHD, une céphalée qui correspond à une migraine, à l’exception du critère D (présence de nausée et/ou vomissement et/ou photophobie/phonophobie), peut être tout autant classé dans la catégorie céphalée de tension probable que migraine probable [204]. En fait, la définition d’une céphalée en migraine ou TTH repose beaucoup sur la présence (migraine) ou l’absence (TTH) de certains symptômes, tels que la nausée, les vomissements, la photophobie et la phonophobie comme susmentionné, mais aussi l’aggravation des symptômes par les activités routinières, une douleur pulsatile, et une localisation unilatérale [98].
Figure 22 : Continuum migraine / céphalée de tension [204].
Le manque de traits distinctifs à la TTH peut ainsi contribuer à une erreur de diagnostic [204]. En fait, la présence de tensions musculaires est souvent soulignée comme trait caractéristique de la TTH, mais ce point n’est pas utilisé dans la classification de l’ICHD, et il s’avère que de telles tensions se retrouvent également chez les migraineux. La présence de facteurs déclenchants est également notée dans les deux cas.
La comorbidité de ces 2 pathologies peut également porter à croire qu’il existe un lien entre elles. Une étude canadienne a ainsi montré que 22% des patients rapportent avoir en alternance des épisodes de TTH tout autant que de migraine [207]. Pire encore, une étude danoise a rapporté que 83% des sujets migraineux souffrent également de TTH selon les critères de l’ICHD [208].
Comme on peut s’en douter, cette théorie ne fait pas du tout l’unanimité. Même si on considère que ces différents types de céphalées comportent une pathophysiologie différente, elles ont tout de même en commun la même route neurologique ascendante via le NTC, pouvant expliquer au moins en partie le chevauchement des symptômes [8-10]. Enfin, cette théorie témoigne au minimum de la difficulté à bien différencier les types de céphalées ainsi que de leur chevauchements et/ou combinaisons potentielles.
Notons également le fait que la migraine change de caractère en chronicisant. Elle a tendance à devenir plus constante et moins intense. Bref, elle peut devenir plus similaire à la TTH. Par ailleurs, une nouvelle tendance semble s’installer auprès des neurologues, du moins selon ce que j’ai pu entendre lors de l’édition 2019 du Migraine World Summit.
En effet, une migraine chronique qui est accompagnée d’un fond de douleur similaire à une TTH entre les crises est maintenant considérée simplement comme une migraine chronique, alors qu’on parlait auparavant de migraine et TTH mixtes.
Une étude récente suggère ainsi des études longitudinales pour mieux comprendre l’évolution des diverses pathologies, et identifier des marqueurs spécifiques à la TTH, particulièrement chez les plus jeunes, afin de pouvoir développer des stratégies préventives [261].
POURSUiVRE
Plusieurs régions anatomiques sont d’un grand intérêt pour le traitement de la migraine en physiothérapie.