5. Migraine5.1 Description5.1.1 Classification5.1.2 Les phases d’une crise5.1.3 Facteurs déclenchants5.1.4 Épidémiologie5.1.5 Pathophysiologie5.1.6 Composante génétique5.1.7 Composante pharmacologique5.1.8 Théorie du continuum5.1.10 Conclusion5.1.11 Références5.2 Évaluation5.3 Traitement
= céphalée médicamenteuse
= céphalée de rebond
Une céphalée médicamenteuse, ou de rebond, peut survenir lorsque la médication initialement consommée dans le but de soulager une céphalée vient qu’à causer elle-même la céphalée [264]. La céphalée prend ainsi le dessus dès que la médication n’est plus efficace, favorisant la surutilisation médicamenteuse, et perpétuant le cycle. Cela favorise le passage d’une migraine épisodique à une migraine chronique. En fait, plus les crises migraineuses se rapprochent, plus les crises sont déclenchées facilement. Et la médication contribue à diminuer ce seuil de déclanchement de la migraine (Figure 21) [303]. Notons que tous les types de céphalées peuvent ainsi se transformer. Toutefois, la migraine serait particulièrement à risque.
La céphalée médicamenteuse serait également plus fréquente chez les femmes, particulièrement celles avec un statut socioéconomique précaire. Le mécanisme exact sous-jacent cette pathologie n’est pas clair. L’hypothèse la plus couramment citée implique un épuisement de sérotonine, menant à une hyperexcitabilité corticale et du système trigéminal, menant à son tour à une augmentation du relâchement de CGRP, et à une subséquente sensibilisation périphérique et centrale.
Figure 21 : La céphalée médicamenteuse [303].
Elle est définie par une prise d’analgésiques ou AINS de plus de 15 jours par mois, ou encore par une prise de triptans, ergotamine, ou opioïdes de plus de 10 jours par mois, qui peut mener à l’installation d’un cycle de céphalées auto-entretenues par la prise de médication, surtout si la consommation pharmacologique se poursuit de façon continue pour plus de 3 mois. Par ailleurs, on sait que l’ajout de la caféine comme adjuvant augmente considérablement le risque de développer une céphalée médicamenteuse.
Toutefois, il est important de savoir que ce ne sont pas uniquement ces médicaments qui peuvent causer des céphalées. En effet, une recherche en ligne dans le Physicians Desk Reference 54th Edition a donné une liste de plus de 1000 médicaments avec céphalée comme effet secondaire [265]. L’IHS décrit une céphalée médicamenteuse comme étant une céphalée causée par la médication qui se manifeste plus de 15 fois par mois, pour une durée minimale de 3 mois.
La céphalée médicamenteuse est malheureusement très fréquente, et elle change le caractère de la migraine, rendant le diagnostic de la migraine parfois très difficile. Les études ont montré que c’est environ 50% des migraineux chroniques qui voient leur migraine devenir épisodique suite au retrait de la médication en cause [263].
La suppression de la médication est généralement efficace pour éliminer la composante de surutilisation médicamenteuse. Notons qu’il semblerait préférable de complètement éliminer la médication causale plutôt que de simplement diminuer son utilisation. Cela peut impliquer d’ajouter également une médication prophylactique et/ou autres stratégies non pharmacologiques [299]. Il est également important de traiter toute composante psychiatrique comorbide, particulièrement la dépression et l’anxiété qui sont régulièrement associées à la céphalée médicamenteuse.
L’arrêt peut se faire de façon brusque ou graduellement. Lorsque la cessation de la médication s’avère trop difficile en raison de céphalées intenses et/ou autres symptômes de retrait, il peut être nécessaire de procéder au sevrage en milieu hospitalier avec de la dihydroergotamine intraveineuse. Cette approche est toutefois une thérapie de transition et le patient doit nécessairement être orienté vers une médication prophylactique et/ou autres approches non pharmacologiques.
Enfin, il est important que les patients soient suivis après le sevrage car les études démontrent que 30% de ces derniers récidivent dans les 6 mois suivants et 50% dans les 5 années suivantes.
Un mécanisme causal a peut-être été mis en évidence dernièrement. En effet, il a été démontré que chez les migraineux chronique avec une composante de céphalée médicamenteuse, il y a une accumulation de myo-inositol, un marqueur glial, dans le cortex cingulaire antérieur [40]. Il a ainsi été suggéré que cette accumulation de myo-inositol ait possiblement un rôle dans le développement de la céphalée médicamenteuse.
POURSUiVRE
Des chercheurs croient que migraine et la céphalée de tension sont en fait différentes manifestations d’une seule et même pathologie.