2. Généralités2.1 Histoire2.2 Classification2.3 Épidémiologie2.7 Étourdissements2.8 Formulaires
Avec approximativement 47% de la population globale qui souffre actuellement d’une forme de céphalée, on comprend que les céphalées sont loin d’être rares [1,2]. Les céphalées représentent en fait le désordre neurologique le plus fréquent [19]. D’ailleurs, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il semblerait que les céphalées soient le plus fréquent motif de consultation en neurologie, avec près du tiers [17]. Quoiqu’il n’y ait pas d’étude sur la fréquence des céphalées comme raison de consultation en physiothérapie, une étude comportant 2433 patients a toutefois estimé à 22% la proportion des patients présentant des céphalées en tant que condition comorbide [18]. Sur la durée d’une vie, jusqu’à 93% des hommes et 99% des femmes vont souffrir d’une céphalée au moins une fois [16]. Aucun groupe d’âge n’est immunisé contre ce désordre [5,6] et les causes sont très diverses [7].

Figure 1 : Proportions de migraine et TTH dans la population et dans les cliniques de céphalées. Image utilisée avec permission [27].
Plus spécifiquement, les types de céphalées récurrentes les plus fréquents sont la migraine ainsi que la céphalée de tension (TTH), avec une prévalence de 10 à 15% et 20 à 50%, respectivement [1,27]. Les proportions sont toutefois différentes dans une clinique de céphalées, ce qui suggère que tous les types de céphalées n’ont pas les mêmes répercussions sur la vie quotidienne des patients (Figure 1 et 2).
Il est intéressant de savoir qu’une étude a fait l’hypothèse que les rares chanceux à ne jamais avoir eu de céphalées au courant de leur vie ont une plus faible sensibilité générale aux stimuli douloureux. Or, il semble que ce ne soit pas le cas [29].
Prises dans leur ensemble, ces douleurs sont globalement associées à des répercussions personnelles et socioéconomiques majeures [3,4]. En effet, les céphalées peuvent parfois diminuer la qualité de vie d’un individu de façon significative, en plus de réduire leur capacité fonctionnelle et reliée au travail [8,9]. Ceci résulte en des coûts socioéconomiques importants, particulièrement en raison des journées où la douleur maintient l’individu à la maison plutôt qu’au travail, mais aussi en raison des coûts de la médication et des consultations médicales [10-14]. En fait, une étude des coûts associés à la migraine aux États-Unis a calculé 112 millions de journées de travail manquées par années en raison de la douleur associée à la migraine, ce qui représente 300000 personnes par jour qui doivent rester à la maison [22]. La migraine représente la 9ième condition sur la liste des désordres neurologiques les plus coûteux, et la 3ième lorsque l’on considère seulement le sexe féminin [19,20]. Aux États-Unis, le coût annuel est estimé à approximativement 14 milliards de dollars pour les migraineux seulement, où 1 milliard est lié à des coûts médicaux alors que le reste est associé aux coûts indirects en lien avec les journées de travail perdues ou à une efficacité réduite [22]. À noter que moins de 30% des patients ont à eux seuls environ 70% des attaques migraineuses, et portent donc le gros de la charge socioéconomique de la migraine [23]. Une autre étude a estimé que les céphalées, prises dans leur ensemble, ont pour leur part un coût annuel d’environ 173 milliards d’euros pour l’ensemble de l’Europe [28].

Figure 2 : Les diagnostics posés dans une clinique de céphalées. Image utilisée avec permission [27].
Par ailleurs, on aurait tendance à croire que la migraine représente la catégorie de céphalées la plus invalidante en raison des douleurs typiquement plus sévères, mais il s’avère que globalement il semblerait que ce soit plutôt la TTH qui détienne la palme en raison de sa fréquence plus élevée [21]. Quoique peu soit connu sur les coûts de la TTH, deux études danoises ont démontré que le nombre de jours de travail manqués est 3 fois plus élevé chez les sujets TTH que chez les migraineux [24]. Ceci concorde avec une étude américaine où l’absentéisme en lien avec la TTH est également considérable [25]. De plus, des études ont estimé que les coûts indirects en lien avec les céphalées en général sont beaucoup plus élevés que lorsque les migraines sont étudiées de façon isolée [26]. Ces différentes observations suggèrent également des coûts en lien avec la TTH plus élevés que pour la migraine.
Pour ce qui est des céphalées cervicogéniques (CGH), peu d’études se sont attardées à leurs conséquences socioéconomiques. Il a été démontré toutefois que les patients CGH ont une baisse de la qualité de vie comparable aux patients avec migraine et TTH [15].
Enfin, malgré la prévalence élevée des céphalées et de leurs conséquences socioéconomiques et personnelles majeures, une proportion élevée des gens souffrant de céphalées ne reçoivent pas de traitement approprié. L’OMS a identifié un manque de connaissance au sein des professionnels de la santé comme principale barrière clinique à un diagnostic exact et à une prise en charge efficace [17]. Le présent ouvrage souhaite ainsi humblement contribuer à pallier cette malencontreuse lacune.
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POURSUiVRE
Résumé des points importants pour l’évaluation subjective en physiothérapie des patients aux prises avec des céphalées.