2. Généralités2.1 Histoire2.2 Classification2.3 Épidémiologie2.7 Étourdissements2.8 Formulaires
Il est important de comprendre que quand on parle de la tête, on parle généralement de la boîte crânienne avec la mâchoire. Bref, ce qui est au-dessus de l’atlas. Toutefois, dans le monde de la douleur, quand on parle de céphalées, aux maux de tête, on s’en tient généralement aux douleurs situées dans la région du neurocrâne, constitué des os du crâne qui recouvre ou protège le cerveau (Figure 1). En opposition, nous retrouvons également le viscérocrâne, qui correspond pour sa part aux os du visage et de la mâchoire. Pour cette région, on parle alors de douleurs oro-faciales.
Figure 1 : Le neurocrâne et le viscérocrâne. Source : Wikipedia.
Céphalées
Il existe plusieurs systèmes de classification pour les céphalées. Toutefois, nous en retiendrons qu’un seul, celui de l’International Headache Society (IHS), soit l’International Classification of Headache Disorders (ICHD) [1,6]. Il a été accepté par l’Organisation Mondiale de la Santé et les principes du système ont été incorporés dans le prestigieux International Classification of Diseases (ICD). Il est par ailleurs devenu un standard dans le monde des céphalées et très peu d’études utilisent d’autres systèmes de classification. La dernière version du document est disponible en ligne gratuitement sur le site web conçu à cet effet :
En fait la version bêta de la 3ième édition existait depuis 2013 [1] mais la version officielle ne vient que de voir le jour en 2018, l’ICHD-3. Elle a également été publiée dans la première parution de l’année 2018 dans le journal Cephalagia, exactement 30 ans après la publication de la première édition [6].
Il ne faut pas oublier cependant que le but d’une classification est de pouvoir catégoriser les types de céphalées en entités propres, qui sont universellement reconnues, dans la mesure du possible. Ceci est particulièrement utile dans la recherche, mais en pratique il n’est pas toujours possible de pouvoir classifier de façon si catégorique les différentes céphalées de nos patients. Premièrement, parce qu’ils peuvent présenter plus qu’un type de céphalées à la fois. Et deuxièmement, la classification est un système en évolution. C’est donc dire que ce n’est pas encore parfait. Ainsi, en raison du chevauchement de différents critères d’identification, certains patients peuvent parfois être inclus dans plus d’un type de céphalées. Par ailleurs, certains sujets d’études sont régulièrement exclus de différents protocoles de recherche car leur céphalée ne correspond pas aux critères actuels des différentes catégories de céphalées, ou présente des caractères atypiques. Une section de cette classification est ainsi dédiée à ces céphalées non catégorisables.
Voici un abrégé de cette classification :
I. Céphalées primaires
- Migraine
- Céphalée de tension
- Céphalées trigémino-autonomiques
- Autres céphalées primaires
II. Céphalées secondaires
- Céphalée attribuable à un traumatisme crânien et/ou cervical
- Céphalée attribuable à une atteinte vasculaire crânienne ou cervicale
- Céphalée attribuable à une atteinte intracrânienne non vasculaire
- Céphalée attribuable à une substance ou au sevrage
- Céphalée attribuable à une infection
- Céphalée attribuable à un déséquilibre de l’homéostasie
- Céphalée ou algie faciale attribuable à une pathologie du crâne, du cou, des yeux, des oreilles, du nez, des sinus, des dents, de la bouche ou d’autres structures faciales ou crâniennes
- Céphalée attribuable à un trouble psychiatrique
III. Neuropathies crâniennes douloureuses, algies faciales et autres céphalées
- Neuropathies crâniennes douloureuses et autres algies faciales
- Autres céphalées
C’est ainsi que plus de 200 différents types de céphalées sont catégorisées en 3 grandes sections: céphalées primaires, céphalées secondaires, et neuropathies. Lorsqu’il est question de céphalées secondaires, cela signifie que la céphalée est consécutive à une autre problématique, comme par exemple lors de céphalées faisant suite à une méningite d’origine infectieuse. En opposition, pour les céphalées primaires, il n’y a pas de cause sous-jacente. La céphalée primaire est elle-même le problème en soit. Dans les céphalées primaires, l’étiologie et la pathogénèse sont en général beaucoup moins bien comprises. D’ailleurs, il n’y a pas de marqueur biologique ou de signes cliniques à l’imagerie qui caractérisent ces dernières [2]. Enfin, soulignons que pour presque tous les types de céphalées, il y a deux sous-catégories: avec surutilisation médicamenteuse, et sans surutilisation médicamenteuse.
Douleurs oro-faciales
Pour les douleurs oro-faciales, il y a deux classifications qui sont principalement utilisées, soit celle de l’American Academy of Orofacial Pain (AAOP) [3,7] et le Diagnostic Criteria For Temporomandibular Disorders (DC/TMD) [4,8]. Le DC/TMD est surtout utile pour les dysfonctions temporomandibulaires et il est très complexe à utiliser puisqu’il incorpore plusieurs outils d’évaluation de la sphère bio-psycho-sociale. Ceci fait du DC/TMD une classification surtout utilisée en recherche. Elle est toutefois intéressante à connaître et permet une vision d’ensemble des différents diagnostics possibles dans la région orofaciale (Figure 2).
Figure 2 : Classification des douleurs faciales selon le Research Diagnostic Criteria For Temporomandibular Disorders (RDC-TMC) [5].
Pour ceux que cela pourrait intéresser, le RDC-TMD est disponible gratuitement à l’adresse suivante :
http://www.rdc-tmdinternational.org
Par contre, la classification de l’AAOP n’est pas disponible gratuitement. Un livre a été publié pour proposer cette classification et il en est déjà à sa sixième édition [7]:
À noter que ces classifications ne seront pas approfondies pour le moment dans le présent ouvrage.
Références
- Headache Classification Committee of the International Headache Society. International classification of headache disorders 3rd edition (beta version). Cephalalgia 2013;33:629-808.
- Fernandez-de-las-Penas C, Arendt-Nielsen L, Gerwin RD. Tension-type and cervicogenic headache: Pathophysiology, diagnosis, and management. 2010; Sudbury, Massachusetts: Jones And Bartlett Publishers.
- American Academy of Orofacial Pain. Orofacial pain: Guidelines for assessment, diagnosis and management 4th edition. 2008; Hanover Park: Quintessence Publishing.
- Orofacial Pain Research Group. The Research Diagnostic Criteria for Temporomandibular Disorders. 2002; Washington: University of Washington.
- Okeson JP. Bell’s Oral and Facial Pain, 7th Ed. 2014; Hanover Park, IL: Quintessence Publishing Co.
- Headache Classification Committee of the International Headache Society. Headache Classification Committee of the International Headache Society (IHS) The International Classification of Headache Disorders, 3rd edition. Cephalalgia 2018;Jan;38:1-211.
- American Academy of Orofacial Pain. Orofacial pain: Guidelines for assessment, diagnosis and management 6th edition. 2018; Hanover Park: Quintessence Publishing.
- Schiffman E, Ohrbach R, Truelove E, et al. Diagnostic Criteria for Temporomandibular Disorders (DC/TMD) for Clinical and Research Applications: recommendations of the International RDC/TMD Consortium Network and Orofacial Pain Special Interest Group. J Oral Facial Pain Headache. 2014;28:6-27.
POURSUiVRE
Les céphalées représentent le désordre neurologique le plus fréquent et selon l’Organisation Mondiale de la Santé, il semblerait que les céphalées soient le plus fréquent …