On pourrait se demander pourquoi je me suis intéressé aux céphalées. En fait, il y a plusieurs raisons qui ont motivé cet intérêt. Voilà quelque-unes de ces raisons :
Parce que c’est très fréquent.
En fait, presque tout le monde a connu un bon mal de tête au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que le lendemain d’une veillée bien arrosée.
En clinique privée, nous voyons régulièrement des patients qui consultent directement pour des céphalées. D’autres viennent pour un trauma, comme par exemple les accidentés de la route, et dont les céphalées font parties du tableau clinique. Il y a aussi ceux qui consultent pour un tout autre motif et qui viennent finalement qu’à nous jaser de leurs fameuses migraines, sans vraiment savoir que nous pouvons peut-être les aider.
Enfin, il y a ceux qui connaissent quelqu’un de leur entourage qui souffre de céphalées. Parfois c’est un parent, un de nos enfants, un conjoint, un collègue de travail, un ami, ou encore un voisin. En fait, presque tous les patients connaissent des gens qui souffrent de maux de tête, ne serait-ce qu’un seul. Et parfois ils nous récitent les histoires d’horreur que ces personnes vivent.
Parce que les céphalées peuvent être très invalidantes.
Nous avons qu’à penser au scénario typique d’un patient migraineux qui va se coucher, dans le noir, fuyant toute source de lumière et de bruit, et qui ne souhaite que dormir pour enrayer cette pulsation douloureuse qui envahit la moitié de son crâne. Nous pouvons également penser à la très invalidante algie vasculaire de la face, une des céphalées trigémino-autonomiques, parfois surnommée la céphalée suicidaire. Les représentations graphiques de différents artistes de ce que vivent les gens qui souffrent de ces céphalées parlent d’elles-mêmes (Figure 1).

Figure 1 : La céphalée, source de douleurs sévères et invalidantes. Source : Wikipedia.
Parce que c’est méconnu
Les gens en général, et parfois même les médecins, connaissent peu la différence entre une céphalée de tension, une céphalée cervicogénique et une migraine, un peu comme les gens confondent étourdissements et vertiges. Les gens ont lu quelque part, peut-être dans un journal à potin ou dans les médias sociaux, que la cause des migraines est vasculaire ou neurologique. Il n’y a donc rien pour eux, semble-t-il, en physiothérapie. Il est même courant que des physiothérapeutes croient également qu’il n’y a rien à faire en physiothérapie pour la migraine !
Parce qu’on peut aider les gens
Par conséquent, c’est un ensemble de pathologies qui demeure sous-exploité en physiothérapie. Toutefois, comme vous allez le voir dans le présent ouvrage, il y a un rationnel pour traiter les différentes céphalées les plus courantes.
Même si vous n’arrivez pas à aider chacun des patients qui vont se présenter à vous, le jour où un patient vous avoue que grâce à vos soins, il a mis de côté l’idée de s’enlever la vie, vous allez réaliser à quel point en tant que physiothérapeute il est possible de modifier la qualité de vie des gens. De toute évidence, c’est de l’or en barre !
Parce que j’en ai solidement souffert moi-même
En effet, j’ai souffert moi-même de terribles céphalées lorsque j’étais enfant. En fait, les symptômes correspondaient exactement à ceux d’une migraine. J’ai heureusement été traité par une manipulation cervicale qui a drastiquement amélioré le cours de ma vie. Évidemment, c’était anecdote aux yeux de la science, mais j’ai toujours cru depuis ce moment que la thérapie manuelle pouvait aider les céphalées. Le niveau de science de l’époque ne justifiait pas le traitement de la migraine par la thérapie manuelle, mais heureusement les choses ont changé !
Parce que c’est compliqué !
En effet, parce que c’est un monde complexe. Comme vous allez le voir, pour être efficace comme physiothérapeute pour le traitement des céphalées, il faut maîtriser, ou du moins avoir un certain niveau de connaissance, dans nombre de domaines, comme la thérapie manuelle évidemment, mais aussi la neurologie, l’otorhinolaryngologie, la dentisterie, et beaucoup plus !
Ainsi, après avoir un peu fait le tour de la thérapie manuelle, je voulais un nouveau défi comme physiothérapeute… Il faut bien se casser la tête une fois de temps en temps!
N.B. L’utilisation du genre masculin dans le présent texte a été adoptée afin de faciliter la lecture et n’a aucune intention discriminatoire.