En effet, les ostéopathes ne sont pas autorisés à pratiquer des manipulations. Au Québec, seulement trois catégories de professionnels sont en droit de faire de telles manoeuvres :
- les physiothérapeutes qui détiennent une attestation à cet effet;
- les chiropraticiens;
- les médecins.
Évidemment, il importe de définir ce qu’est une manipulation. Il s’agit d’un mouvement de petite amplitude, mais effectué à haute vélocité, généralement à la fin du mouvement articulaire. C’est donc un petit mouvement brusque. Dans le jargon populaire, on dit souvent ‘faire craquer’ comme synonyme aux manipulations. Le bruit entendu n’est toutefois pas nécessaire lors d’une manipulation. Quand les mouvements sont effectués en douceur, on parle plutôt de mobilisations.
Plus spécifiquement concernant les physiothérapeutes, deux attestations existent pour prodiguer des manipulations, selon le type de manipulations :
- Les manipulations vertébrales, qui regroupent toutes les manipulations pratiquées au niveau de la colonne vertébrale.
- Les manipulations périphériques, qui regroupent toutes les manipulations pratiquées au niveau des articulations des membres (coudes, poignets, chevilles, etc.).
Il faut savoir qu’il y a des risques associés aux manipulations. Les plus sérieux se retrouvent aux niveau des manipulations vertébrales, en particulier cervicales. Un patient devrait donc se limiter aux professionnels autorisés à faire de telles manoeuvres, si tel est le but. Par exemple, un massothérapeute, ostéopathe, ou kinésithérapeute n’est pas légalement autorisé à pratiquer une manipulation, à moins d’être également physiothérapeute avec attestation. Dans le cas contraire, il s’agit en fait d’une pratique illégale de la médecine.
Pourquoi je tenais à vous rappeler ça ? Je vous ai déjà parlé dans le passé des risques associés aux manipulations cervicales. Je tenais à vous le rappeler car j’ai deux patientes qui ont été sérieusement blessées dernièrement par des manipulations effectuées par des ostéopathes non physiothérapeutes.
La première patiente a souffert d’une ischémie cérébrale transitoire (ICT) qui a été associée selon les médecins à la manoeuvre manipulatoire cervicale haute, plus spécifiquement au niveau de l’atlas, causant étourdissements et malaise général, et éventuellement une perte de conscience subite, provoquant une chute dans l’escalier, occasionnant à son tour une commotion cérébrale et fracture de côtes.
La deuxième patiente a été manipulée selon elle de façon très aggressive à différents endroits, dont au bassin et à la région cervico-dorsale gauche. Elle a eu des douleurs très vives et diffuses dès le lendemain, en plus de paresthésie et perte de sensibilité à l’hémicorps gauche, étourdissements, perte de sensation de la position dans l’espace, et mouvements involontaires. Après hospitalisation de deux jours, l’examen neurologique s’est heureusement avéré normal et se remet lentement de ses symptômes.
Voilà ! Ce sont des histoires malheureuses qui auraient pu être évitées, et qui auraient surtout dû être évitées ! Dans ma pratique, même si je détiens les attestations appropriées, j’évite de manipuler la région cervicale si je peux m’y prendre autrement, ce qui est le cas la presque la totalité du temps.