Cet article a été écrit dans le cadre d’une collaboration avec Migraine Canada. C’est en fait le 3ième d’une série de 3 articles.
Alors, est-ce que des exercices peuvent aider à la migraine ? En fait, il est plus logique de croire que des exercices soient en mesure d’aider les céphalées cervicogéniques ou les céphalées de tension en raison de leur lien avec des dysfonctions articulaires ou musculaires. Toutefois, ces dysfonctions peuvent également être présentes chez les migraineux. Les exercices pour la migraine peuvent donc avoir leur rôle à jouer. De plus, certains paramètres quant à la posture sont connus ou suspectés pour contribuer aux symptômes migraineux.
Que devrais-je faire alors pour aider le maintien d’une posture adéquate ?
- S’assurer d’avoir un poste ergonomique. Cela peut vouloir dire d’ajuster la hauteur d’un comptoir pour un travailleur debout, et d’avoir une chaise appropriée pour un travailleur de bureau. La chaise devrait aider à soutenir la colonne dans sa position statique idéale sans effort excessif. L’évaluation du poste par un professionnel peut être envisagée.
- Faire des exercices de renforcement des muscles impliqués dans le maintien de la posture. Cela peut inclure les abdominaux, les muscles du dos, de l’épaule, et du cou. Quoique chaque personne est différente et ne présente pas les mêmes besoins, certains exercices demeurent appropriés dans une majorité de cas, notamment les scapular wall slides (Figure 1). Les exercices de renforcement doivent être faits 3 séries de 10 répétitions à tous les jours.
- Faire des exercices d’assouplissement. En effet, si des muscles sont rétractés et maintiennent la posture dans une position non optimale, il peut être approprié de proposer des exercices d’assouplissement. Par exemple, les pectoraux ont régulièrement intérêts à être assouplis (Figure 2). Les exercices d’assouplissement doivent pour leur part être faits 3 répétitions de 1 minute, de façon quotidienne.

Figure 1. Scapular wall slides

Figure 2. Étirement des pectoraux
À noter que les exercices généraux trouvés sur internet peuvent parfois être utiles mais il peut être nécessaire d’adapter ces derniers selon la condition, notamment si des douleurs sont ressenties lors des exercices, ou s’il ne semblent pas donner les résultats escomptés. En effet, il y a une panoplie d’autres types d’exercices qui peuvent être considérés par un physiothérapeute, tel que des exercices de mobilisation du système nerveux, des exercices de coordination musculaire de la mâchoire, etc.
Combien de temps devrais-je faire les exercices suggérés ?
En général, on considère qu’en 6 semaines on devrait pouvoir constater un bienfait. On suggère alors normalement de les poursuivre pour environ 3 mois pour des résultats optimaux. Par la suite, les exercices d’assouplissement peuvent être repris au besoin si des raideurs sont à nouveau ressenties. Pour le renforcement, le fait de poursuivre 1 à 2 fois par semaine pourrait contribuer à maintenir les acquis.
Y a-t-il un âge maximal ou minimal pour des exercices thérapeutiques ?
Non pas du tout. Les exercices peuvent avoir à être ajustés, mais il n’y a pas d’âge pour améliorer sa condition, en autant que les capacités cognitives permettent de comprendre les exercices et de les exécuter de façon sécuritaire.
Les personnes âgées qui sont déconditionnées répondent généralement favorablement à des exercices qui les font bouger en douceur. Un dicton répandu en physiothérapie : « motion is lotion » !
Les enfants et les adolescents également peuvent bénéficier d’exercices et de traitements de physiothérapie. Les enjeux sont toutefois souvent différents avec ces derniers. Les heures passées assis à l’école, à jouer sur des consoles ou des tablettes, peuvent être source de postures inadéquates et tensions musculaires, en plus de solliciter le système oculo-moteur de façon excessive. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la performance à l’école et dans le sport peut être source d’anxiété pour certains. Et les commotions cérébrales peuvent également apporter leur lot de difficultés, ce qui représente en fait une approche particulière en physiothérapie.
Que faire si les exercices causent de la douleur ?
En général on considère qu’il est acceptable qu’un certain niveau d’inconfort soit présent lors des exercices, sans être excessif. Toutefois, les douleurs devraient se résorber rapidement après la réalisation des exercices.
Il peut être nécessaire de consulter un physiothérapeute pour que les exercices soient adaptés à votre condition. Une myriade de raisons peut influencer le bon déroulement des exercices. Il peut également être conseillé d’éviter des exercices lors de crises migraineuses.
Malheureusement, lorsque la migraine est chronique et qu’il y a peu de périodes sans douleur, une autre approche peut être souhaitable pour commencer. Par exemple, on peut alors viser une augmentation de la capacité cardio-respiratoire avec des exercices aérobiques, ou encore miser sur des techniques de relaxation, un ajustement de la médication, une approche cognitivo-behaviorale, etc.