C’est le deuxième d’une série de trois articles écrits pour Migraine Canada.
En fait, pour pouvoir répondre à cette question, il faut d’abord s’interroger sur la définition du mot posture. En effet, la plupart des gens définissent la posture comme étant la capacité de se tenir droit. Mais ce n’est qu’une partie de la définition. Nous allons tenter de démystifier la question de la posture dans le texte qui suit.
Quelles sont les différentes définitions de la posture?
La posture statique : c’est la posture qu’une personne prend dans une position donnée. On peut parler de posture statique assise, couchée, debout, etc.
La posture statique corrigée : pour les postures debout et assise, elle correspond à la position que nous adoptons en tentant de s’auto-agrandir le plus possible. Il faut savoir que nous n’avons pas tous la même morphologie et certaines personnes ont des courbures plus ou moins prononcées. Cet aspect est largement génétique et ne semble pas corrélé à la présence ou l’absence de migraine.
La posture statique idéale : elle correspond à la posture qui permet un auto-agrandissement maximal, mais avec le minimum d’effort possible.
Il faut noter que certaines personnes ont une perte de la courbure cervicale normale, se manifestant par une tête projetée vers l’avant (Figure 1). Il y a controverse dans les différentes études à savoir s’il y a une relation entre cette posture et la présence de migraine. Toutefois, comme elle est connue pour contribuer à l’apparition de céphalées de tension, elle joue probablement un rôle chez un sous-groupe de migraineux.

Figure 1. A) Port de tête idéal; B) Port de tête antérieur.
Enfin, la posture statique peut être appelée à changer dans le temps. Par exemple, si une fatigue s’installe et la tête devient graduellement de plus en plus antériorisée lors d’une position assise soutenue, il en résulte des tensions musculaires accrues. Cette antériorisation graduelle de la tête a été reliée à la présence de céphalées. La capacité à maintenir une posture adéquate dans le temps est donc un des facteurs qui semble avoir une importance particulière à considérer.
L’attitude posturale : cela fait référence à la volonté de maintenir une posture statique adéquate. Tout comme lorsque le port de tête qui s’antériorise avec le temps, une mauvaise attitude posturale amène la région cervicale hors de sa position statique idéale, favorisant des tensions musculaires excessives qui ont le potentiel de contribuer à des céphalées.
La posture dynamique : elle évoque les modifications posturales lors des mouvements du corps. Par exemple, un individu peut avoir une posture cervicale adéquate mais des mouvements cervicaux inappropriés lors des mouvements des membres supérieurs. L’évaluation de la posture dynamique est plus complexe et se fait principalement par un professionnel de la santé.
Bref, est-ce que la posture peut influencer la migraine ?
Oui, particulièrement lorsque la posture dévie de la posture statique idéale, qui se manifeste par une augmentation de la distance entre le menton et le sternum. Dans ces circonstances, les épaules vont également avoir tendance à être projetées vers l’avant.
Devrais-je utiliser un appareil pour soutenir ma posture statique ?
On pourrait être tenté de soutenir le haut du corps par un appareil conçu à cet effet. Quoiqu’il peut parfois être utile dans des conditions aiguës ou pour vérifier l’impact de la posture sur des douleurs, il est généralement peu conseillé d’utiliser ce genre d’outil. En effet, la musculature de maintien postural n’ayant alors plus à faire son travail, elle va être appelée à perdre de la force ou de l’endurance, contribuant en fait à la problématique sur le long terme.
Devrais-je rester immobile dans ma posture statique idéale ?
Non. À la lumière de ce qui vient d’être discuté, on serait tenter d’adopter sa posture statique idéale et ne plus en bouger. Mais cela est une des pires erreurs à faire. Les études ont démontré que plus nous sommes mobiles sur une chaise, moins on risque d’avoir de douleur.
En effet, l’activité musculaire soutenue induit l’accumulation de déchets dans le tissu musculaire, ce qui a comme conséquence de faire diminuer son pH, c’est-à-dire le rendre plus acide. À partir d’un certain seuil, nous pouvons se mettre à sentir des inconforts. Ces inconforts ont pour fonction de nous faire bouger car le mouvement active la circulation sanguin et aide le tissu musculaire à se débarrasser des déchets. Si nous bougeons avant d’atteindre le seuil d’activation des signaux, il y a donc moyen d’éviter les inconforts associés au maintien d’une position prolongée, dans une certaine mesure.
Que faut-il penser des ballons d’exercice?
On pourrait ainsi penser à un utiliser un ballon d’exercice comme chaise, qui favorise le mouvement. L’idée est bonne mais il est conseillé d’éviter d’utiliser un ballon plus de deux fois 30 minutes par jour. La raison réside dans le fait qu’il n’y a pas de support lombaire, ce qui amène un travail des muscles stabilisateurs. Quoiqu’il peut être souhaitable de faire travailler ces muscles, il est possible de provoquer leur épuisement par un travail excessif, se traduisant en bout de ligne par une augmentation des blessures et des douleurs.

Figure 2. Ajustement de la hauteur du ballon. Les genoux et hanches devraient être à angle droit. Le bassin ne devrait jamais être plus bas que les genoux. On devrait également s’efforcer à maintenir le creux dans le bas du dos.
Malgré tout, il y a une limite à pouvoir rester assis indéfiniment. Il est donc suggéré de se lever régulièrement et marcher quelques instants, le temps d’aller remplir son verre d’eau par exemple. Les gens qui sont très absorbés par leur travail peuvent avoir intérêt à se mettre une minuterie similaire à celles employées pour la cuisine.
Dans le même ordre d’idée, les bureaux de travail debout sont de plus en plus en vogue, et de plus en plus accessibles. Si l’on souhaite aller dans cette direction, l’idéal est de considérer poste ajustable qui peut permettre d’adopter les positions debout et assises en alternance.
Références
- Jull G, Sterling M, falla D, et al. Whiplash, Headache, and Neck Pain: Research-Based Directions for Physical Therapies. 2008; Chuchill Livingstone.