Le sommeil se divise en sommeil lent et sommeil paradoxal, le sommeil lent étant sous-divisé en sommeil léger et profond. Il est coutume d’entendre que les rêves surviennent seulement lors du sommeil paradoxal. Or, quoiqu’ils peuvent survenir dans toutes les phases du sommeil, il est vrai qu’ils sont plus réels, créatifs et fantastiques lors du sommeil paradoxal.
Les gens souffrants de douleur chronique vont généralement présenter un sommeil fragmenté, c’est-à-dire qu’il est parsemé de micro-réveils, de mouvements du corps et de changements dans les stades de sommeil, en particulier une diminution de sommeil lors de la phase paradoxale au profit de la phase lente1. La résultante est un sommeil moins réparateur, pouvant expliquer une fatigue, un manque de concentration, des troubles de mémoire ainsi que des douleurs accrues le lendemain2.
Par ailleurs, lors du sommeil paradoxal, on retrouve une perte du tonus musculaire des muscles squelettiques et donc également des mouvements associés à ses muscles1. Ainsi, par exemple, si une personne faisant du bruxisme voit son sommeil altéré, elle risque de diminuer l’inhibition physiologique de son bruxisme en phase de sommeil paradoxal, augmentant donc la durée totale de bruxisme lors d’une nuit de sommeil.
Le bruxisme, c’est-à-dire le serrement ou le grincement des dents lors du sommeil, est bien connu pour contribuer à des tensions musculaires au niveau des muscles de la mastication, et ainsi participer à des syndromes douloureux faciaux d’origine musculaire. Par ailleurs, une journée marquée par une douleur plus vive est souvent suivie d’une mauvaise nuit de sommeil3. On comprend donc aisément que mauvais sommeil et douleur peuvent devenir un cercle vicieux.
Il a ainsi été suggéré de tenter d’améliorer le sommeil en 4 étapes1:
- Évaluation des troubles du sommeil, comme par exemple le syndrome d’apnées obstructives du sommeil ou encore le syndrome des jambes sans repos. En cas de suspicion d’une telle pathologie, il est important de référer le patient pour évaluation médicale.
- Évaluation de l’hygiène du sommeil. Tout devrait être orienté vers une chambre calme. Le bruit devrait y être tenu au minimum, et la vocation de la chambre devrait être exclusive a sommeil. C’est-à-dire que la chambre ne devrait pas servir de bureau de travail, par exemple. Le style de vie doit favoriser également la détente avant la mise au lit. Notamment, le caféine et le sport intense sont à éviter avant de se coucher.
- Stratégies cognitivo-comportementales. La relaxation, la méditation, et l’hypnose en sont des exemples. Ces techniques, qui visent une diminution de l’activité métabolique, de la fréquence cardiaque et du tonus musculaire, devraient être initialement encadrées par un professionnel, tel qu’un psychologue, afin de bien les maîtriser.
- Approche pharmacologique. Des analgésiques et relaxants musculaires peuvent être utiles à court terme et lorsque les difficultés de sommeil sont relativement légères. Des hypnotiques et d’autres classes de médicaments peuvent être également tentés lors de troubles plus sévères, mais doit être alors encadré par un médecin. Enfin, quoique peu documentés, certains produits naturels peuvent s’avérer utiles, tels que valériane, lavande, et kava.
En conclusion, étant donné les liens entre sommeil et douleur, les physiothérapeutes et autres professionnels de la santé devraient se soucier du sommeil de leurs patients lors de problèmes douloureux chroniques. Par ailleurs, une douleur aigüe mérite peut-être également que l’on s’attarde au sommeil car une étude récente a démontré que la fragmentation du sommeil peut contribuer à chroniciser une douleur musculosquelettique4.
Références
- Comprendre et gérer l’interaction entre le sommeil et la douleur: mise à jour à l’intention du dentiste. Brousseau, Maryse, Manzini Christiane, Thie Norman, and Lavigne Gilles. J Can Dent Assoc, Volume 69, Issue 7, p.437-42, (2003)
- Cognitive impairment in musculoskeletal pain patients. Kewman DG, Vaishampayan N, Zald D, and Han B. Int J Psychiatry Med, 1991, Volume 21, Issue 3, p.253-62, (1991)
- Quality of sleep and its daily relationship to pain intensity in hospitalized adult burn patients. Raymond, I, Nielsen T A., Lavigne G, Manzini C, and Choinière M. Pain, 2001 Jun, Volume 92, Issue 3, p.381-8, (2001)
- Sleep fragmentation exacerbates mechanical hypersensitivity and alters subsequent sleep-wake behavior in a mouse model of musculoskeletal sensitization. Sutton, Blair C., and Opp Mark R. Sleep, 2014 Mar, Volume 37, Issue 3, p.515-24, (2014)